LA RENAULT 20
Une vraie familliale
PAR ALAIN BERTHAUT ET JEAN PIERRE MALCHER
Il n’aura pas fallu attendre un an pour voir la Renault 30 TS donner naissance à une version économique – La Renault 20 – proposée en trois variantes de finition et d’équipement : 20 L, 20 TL et 20 GTL, cette dernière se situant au sommet de la gamme. Comme c’est le cas, assez fréquemment, ces nouveaux modèles ne constituent pas de réelles nouveautés dans la mesure où l’essentiel de leurs constituants sont repris de berlines déjà commercialisées. C’est ainsi que la carrosserie est celle de la Renault 30 et que le groupe propulseur est emprunté à la Renault 16 TX, avec cependant quelques modifications.
Modèle de haut de gamme de la Régie Renault, la 30 TS ne correspond pas à l’idée que l’on peut se faire d’une voiture de luxe, et dès son origine il avait prévu qu’on en dériverait une version économique qui pourrait se placer au-dessus de la Renault 16 la plus évoluée — la 16 TX — de façon à combler une lacune existant entre la 30 et la 16 et, en même temps, préparer le remplacement de la Renault 16 (d’ici à deux ou trois ans) qui, bien que sa carrière dure depuis 10 ans, connaît toujours un beau succès commercial. Procédant de la sorte, Renault couvre aujourd’hui un large éventail d’acheteurs offrant soit des performances (16 TX et 30 TS) , soit de l’habitabilité (30 TS et gamme Renault 20) .
Alors que nous mettions sous presse, les prix des nouvelles Renault 20 n’était pas encore fixés définitivement. Il est possible toutefois de les insérer dans la gamme Renault en fonction des indications qui nous ont été données. On a donc : Renault 16 TS (26 900 F), Renault 20 L (28 000 F), Renault 16 TX (26 200 F), Renault 20 TL (30 000 F), Renault 16 TX Automatique (31 700 F), Renault 20 GTL (32 000 F), Renault 20 TL Automatique (32 500 F), Renault 20 GTL Automatique (34 500 F), Renault 30 TS Automatique (40 200 F).
Entre la 16 TX et la 30 ts
Ainsi que nous l’avons dit, la Renault 20 est le produit d’un «mariage» de la Renault 30 TS, dont on a retenu la carrosserie et les trains roulants, et de la 16 TX qui a fourni le groupe propulseur. Cette opération est surtout intéressante, indépendamment du fait qu’elle économise
de lourds frais d’investissements, parce qu’elle assurera une meilleure rentabilité des d’emboutissage de la caisse de la Renault 30. Du point de vue technique, la Renault 20 se caractérise par :
Le moteur : c’est donc du moteur de la Renault 16 TX qu’il s’agit. Le bloc et la culasse de ce quatre cylindres en ligne sont en alliage léger et la cylindrée est de 1647 cm3 (9 CV fiscaux). Quelques modifications y ont été apportées concernant l’arbre à cames, le carburateur Weber double corps avec starter automatique et réchauffage par l’eau du radiateur, l’augmentation du rapport de compression de 9,25 à 9,3/1 (super-carburant obligatoire). La puissance maximale est de 90 ch DIN à 5750 tr/mn (93 ch à 6000 tr/mn pour la TX), soit une puissance spécifique de 55,7 ch/ litre, et le couple maximale atteint 13,4 mkg à 3500 tr/mn contre 13,1 mkg à 4000 tr/mn pour la 16 TX. Notons que l’entraînement mécanique du ventilateur à fait perdre 3 ch. La capacité du circuit de refroidissement a été portée de 6’8 à 7,2 litres. L’allumage est classique (allumeur, batterie, bobine).
La transmission : l’embrayage monodisque sec à diaphragme avec moyeu amortisseur et commande par câble, transmet le mouvement à une boîte à quatre rapports empruntée à la Renault 17 TL de même que le couple conique (9 X34, soit 3,777/1).pour un régime de 1 000 tr/mn, La vitesse est de 7,53 km/h en 1er, 12,85 km/h en 2e, 19,56 km/h en 3e et 27,75 km/h en 4e (28,36 km/h pour la 16 TS et 31,98 km/h pour la 30 TS qui, toutes deux, ont des roues de 14 pouces de diamètre et un couple conique différent) .
Les 20 TL et 20 GTL peuvent, en option, être équipées d’une transmission automatique Renault à commande électronique dont les rapports sont spéciaux puisqu’ils ne correspondent ni à de la boîte montée sur la 16 TX ni à ceux de la 30 TS.
La suspension : on a conservé le même schéma que sur la 30 TS (roues AV indépendantes, triangle inférieur, bras supérieurs porteurs, ressorts hélicoïdaux ; roues AR indépendantes, bras transversaux et longitudinaux, ressorts hélicoïdaux) en adaptant, d’une part, la flexibilité des ressorts AV (légèrement plus souples) et d’autre part, le diamètre des deux barres stabilisatrices pour tenir compte du poids moins élevé de la voiture à vide.
La direction : à crémaillère, non assistée sur la 20 L et 20 TL (diamètre du volant : 41,5 cm; 4,5 tours de butée à butée) et assistée sur la 20 GTL (diamètre du volant : 38,5 cm ; 2,5 tours de butée à butée). Le diamètre de braquage entre murs est d’environ 11 mètres comme la 30 TS.
On note quelques très petites différences dans le réglage du train avant.
Les freins : on a conservé l’assistance par servo à dépression, les deux circuits AV et AR indépendants et le répartiteur AR agissant en fonction de la charge. Si, d’autre part, les freins avant sont toujours à disques ventilés (diamètre 228 mm), les freins AR, (ceux de la 16 TX) sont à tambours (diamètre : 228,5 mm).
Les roues, en tôle à voile ajouré, fixées par trois écrous, sont celle de la Renault 12: diamètre de 13 pouces et largeur de jantes de 4 demie pouces. Elles sont équipées de pneumatiques à carcasse radiale (Michelin ZX sur la voiture essayée) 165 SR 13.
Le réservoir d’essence contient 60 litres, soit 7 litres de moins que celui de la Renault 30 TS.
Les dimensions sont celles de la Renault 30 TS avec de très légères différences dues aux pare-chocs : 452 cm de long, 172,6 cm de large (au lieu de 173,2 cm),143,5 de haut (143,1). L’empattement un peu plus court : 265,9 cm et 266,5 cm respectivement selon que la Renault 20 est équipée ou non de la direction assistée contre. 267,1 cm pour la 30 TS.
Poids : 1 175 kg en ordre de marche dont 715 kg sur l’AV(60,85%) et 460 kg sur l’AR (39,15%) avec la boîte mécanique. 1 215 kg dont 750 kg sur l’AV (61,7%) et 465 kg sur l’AR (38,3%). Ces chiffres sont à rapprocher de ceux de :
— la Renault 16 TX : 1 065 kg dont 600 sur l’AV (56,3%) et 465 kg sur l’AR (43,7%) ;
— la Renault 30 TS : 1 320 kg dont 820 kg sur l’AV (62,1%) et 500 kg sur l’AR (37,9%).
Cela donne un rapport poids/puissance de 12,05 kg /ch pour la Renault 20 mécanique, de 13,5 kg/ch pour la 20 automatique, de 11,45 kg/ch pour la 16 TX et de 10,1 kg/ch pour la 30 TS.
TROIS VERSIONS
La Renault 20 est offerte en trois versions qui se distingue les unes des autres par leurs équipement.
Par rapport aux TL et GTL, la Renault 20 L est non seulement simplifié mais elle se voit également privée de certaines options. C’est ainsi que le lave-pare-brise fonctionne au pied et qu’elle ne peut être équipée ni d’une transmission automatique, ni de la direction assistée, ni d’une montre, ni du toit ouvrant, ni du système central de verrouillage automatique, etc… Mais, sur demande, on peut choisir les sièges en simili cuir, la peinture metalisée vernie et les ceintures et les ceintures AV à enrouleur.
Les 20 TL et GTL sont pratiquement équipées de la même façon : les ceintures à enrouleur sont ici livrées en série, de même que le lave-pare-brise électrique, le compte-tours, l’accoudoir central AR, le lecteur de cartes. La 20 GTL ajoute, toujours en série, la montre, les glaces AV électriques et le verrouillage central des portes.
Au chapitre des options, on trouve aussi bien pour la Renault 20 TL que pour la 20 GTL : les sièges en simili cuir, Les glaces teintées avec le pare-brise feuilleté, la peinture métallisée vernie, la transmission automatique, le toit ouvrant électrique avec, obligatoirement, les vitres teintées et le pare-brise feuilleté et, pour la 20 GTL uniquement : le conditionnement d’air.
Au volant de la Renault 20 GTL
Finition : d’aspect extérieur, la R 20 GTL qui était certes présentée avec vitres teintées et peinture metalisée sous son jour le plus favorable, nous est apparue comme une voiture sobre et finalement assez élégante. Les deux projecteurs de grandes dimensions de part et d’autre de la calandre, très allongée, lui confèrent une personnalité différente de celle de la R 30. L’absence de baguettes de caisse se remarque, mais il est facile de combler cette lacune. De profil, en revanche, les faibles dimensions des roues (165 X 13) ne sont pas en rapport avec le volume de la carrosserie, cela peut choquer, Mais la plus grosse faute de goût que l’on puisse, à notre humble avis, noter est constituée par le hayon qui demeure aussi noir et aussi mat que celui de la Renault 30. Enfin, cela facilité les raccords de peinture ! A l’intérieur, le tableau de bord identique à celui de la Renault 30 n’est pas très beau, mais il est correctement réalisé. Les sièges, recouverts de tissu, sont bien faits, mais une fois confortablement installé, le spectacle que nous offre l’inesthétique joint de pare-brise n’a pas d’egal que l’infinie variété de bleus recouvrant la moquette, les sièges, le pavillon et les montants ainsi que les raccords d’entrée de porte. Enfin, ce problème est peut-être spécifique aux R 20 bleues.
Équipement : d’une façon générale, l’équipement de la voiture que nous avons essayée était complet, mais il s’agissait, rappelons-le, de la version GTL. Notre GTL bénéficiait de deux options : les vitres teintées et la peinture métallisée. Avant même de pouvoir pénétrer à l’intérieur de la voiture il est possible de critiquer les poignées de portes peu pratiques, sauf pour les gauchers ! Au volant on bénéficie d’un compte tours, d’un totalisateur journalier, d’un volt-mètre, d’une jauge à essence difficilement lisible et dépourvue de témoins de réserve, d’essuie-glace à deux vitesses commandé par un levier dont la position arrêt se trouve, curieusement placée vers le haut ; de ceintures de sécurité à enrouleurs, d’une lunette arrière dégivrante placée un peut haut et ce au détriment de la partie basse de la lunette, d’une commande de réglage de la hauteur des phares très pratique et très efficace et enfin d’un système de verrouillage central des quatre portes équipées d’un dispositif assurant le déverrouillage en cas d’accident. Nous ajouterons qu’il est difficile à régler l’aération dans les zones d’efficacité minimum, que le témoin de lanterne minuscule est peu lisible et que les appuie-tête, même sur la GTL, ne sont disponibles qu’en option.
Confort : la première constatation qui s’impose dans ce domaine, concerne les sièges qui sont en net progrès comparés à ceux de la R 30, ceci pour le confort statique. Sur la route, la Renault 20, grâce à une suspension très souple et bien amortie, permet de voyager dans d’excellentes conditions. Il est d’ailleurs surprenant que cette suspension sur ressorts hélicoïdaux parvienne à se comporter, pratiquement, d’une façon identique à une suspension sur barres de torsion, ce qui est non seulement vérifié sur le plan du confort, mais aussi, au niveau du comportement, sur celui des angles de roulis atteints. Autre point favorable, la R 20 est très silencieuse et nos impressions ont d’ailleurs été recoupées par nos mesures effectuées à l’aide du sonomètre, puisque nous obtenons, à 90 et 130 km/h des valeurs de 71 et 76 décibels contre 72 et 76 pour la R30 TS. Dans ces conditions on peut, eu égard à la qualité des sièges, affirmer que la Renault 20 est plus confortable que la Renault 30.
Habitabilité : nous n’allons pas ici nous étendre sur une comparaison avec la R 30 étant entendu qu’il s’agit de la même caisse, mais il n’est pas inintéressant en revanche de savoir que la R 20 offre une largeur aux coudes AV/AR de 146/146 cm contre 137/138 pour une R 16 tandis que la longueur totale de l’habitacle est supérieur de 11 cm. Ces dimension qui se passent de commentaires constituent la caractéristique de ce nouveau modèle à vocation familiale très marquée, et il ne fait pas de doute que cinq personnes et leurs bagages pourront aisément prendre place dans cette spacieuse neuf chevaux.
Coffre : outre le fait qu’il est pratiquement exempt de finition et que le faisceau de fils d’alimentation des feux arrières, disposé sous le tapis, paraît très vulnérable, il offre des dimensions extrêmement généreuse, le volume variant entre 400 et 1400 cm3.
Moteur : compte tenu du volume et du poids de la voiture, les 90 ch du 1647 cm3 constituent le minimum de puissance nécessaire. Compte tenu de la vocation familiale de la R 20, les performances peuvent être considérées comme suffisantes à ceci près qu’a pleine charge, les dépassement peuvent poser quelques problèmes. En utilisation urbaine, l’excellent couple autorise une souplesse satisfaisante, mais en certaines occasions, on aimerait tout de même disposer d’une boîte à cinq rapports.
En ce qui concerne la consommation, ce cocktail de carrosserie Renault 30 avec moteur R 16 TX se montre sobre à vitesse stabilisée avec moins de 11 litres aux cents à 120 km/h, mais comparativement plus gourmand à 75 km/h de moyenne sur le circuit routier de Montlhéry avec 10,2 litres aux cent.
Transmission : la boîte de vitesse placée en arrière de l’essieu avant est emprunté à la R 17 TL ; la commande est satisfaisante autant sur le plan de la douceur que sur celui de la précision, tandis que l’étagement est, lui aussi, correct. Cette disposition du groupe propulseur a l’avantage, par rapport à la R 16 dont la boîte de vitesse est située en avant de l’essieu, de procurer une meilleure adhérence au train avant qui se trouve ainsi allourdi. Il est à noter que si l’option transmission automatique est disponible pour les modèles TL et GTL, le modèle de base L ne peut en bénéficier, on ne voit pas pourquoi.
Direction : notre GTL était naturellement équipée d’une direction assistée. Avec seulement 2 tours et demi de butée à butée, on est en présence d’une direction extrêmement directe et précise qui rend la voiture aussi plaisante à conduire en ville que sur route. Nous aurons toutefois deux reproches à lui faire : un rayon de braquage trop faible et un chuintement assez fort à fond de braquage qui finit par être désagréable à la longue. Une telle direction serait tout de même la bienvenue sur les Renault 16 et notamment sur la TX.
Tenue de route : en conduite normale aucun problème, en revanche, si l’on désire soutenir une moyenne élevée sur une route sinueuse, il faudra se méfier d’une certaine tendance au sousvirage dans laquelle la relative étroitesse des pneus a sûrement une part de responsabilité. Sur mouillé, cette tendance sera effective même aux allures réglementaires, mais cela dit, la R 20 demeure une voiture extrêmement saine et facile à conduire.
Freinage : la relative étroitesse des pneus que l’on vient d’évoquer au chapitre de la tenue de route nuit d’une façon plus évidente en ce qui concerne le freinage. La répartition des poids combinée aux caractéristiques de la suspension font que lors d’un freinage violent la caisse plonge d’une façon spectaculaire et les roues avant de 165 x 13 transmettent difficilement au sol la puissance du freinage, cela conduit naturellement à des blocages intempestif. Dans ce domaine, il est regrettable que la R 20 n’ait pas conservé les 175 x 14 de la Renault 30, surtout si l’on tient compte de sa vocation familiale qui la prédispose à être souvent chargée. Sans doute s’agit-il d’un problème de prix de revient, mais cela n’en est pas moins ennuyeux.
Conclusion : la Renault 20 présente une originalité qui pourrait lui assurer une brillante carrière. En effet, si de nombreux constructeurs montent depuis quelque temps des petits moteurs de 7 CV dans des carrosseries moyennes, nous citerons la Ford Taunus 1300,
Aucun n’avait à ce jour accentué cette philosophie, au point de loger un « Petit » moteur de 9 CV dans une carrosserie très spacieuse et équipée d’un hayon arrière, atout décisif actuellement. Cela dit et bien qu’elle soit de ce fait, difficilement comparable à d’autres modèles, nous concluerons sur un tableau de performances comparées regroupant des voitures de 8 à 11 CV de prix voisins.